Serge Philippe LECOURT met les poilus normands en lumière – Hors-Série Ouest-France

Normandie, On en parle !

Dans son dernier Hors-Série « 14-18 Centenaire de la 1re Guerre mondiale : Histoires d’hommes de l’Ouest », Ouest-France consacre un portfolio de 6 pages au reportage photographique de Serge Philippe LECOURT sur les monuments aux morts (p.24 à 29). En vente à 5,90€ dans tous les kiosques et en ligne.

 

« Quand les monuments aux morts deviennent l’oeuvre d’une vie

Sur les 3232 monuments de Normandie, Serge Philippe LECOURT en a déjà photographié plus d’un millier. Un travail minutieux d’historien et de technicien de la lumière.

Serge Philippe LECOURT met les poilus normands en lumière

Depuis près de 30 ans, ce photographe originaire de Vire (Calvados) allie son métier et son goût pour l’histoire. Il a déjà documenté en textes et en images plus d’un millier de monuments aux morts.

L’histoire

En mars 1918, Foch qui n’est pas encore maréchal arrive sur le front et se rassure : « Je suis tranquille, les Normands sont là. » Cette phrase, gravée sur le monument aux morts de Caen n’a pas échappé à Serge Philippe LECOURT. Originaire de Vire (Calvados), voilà près de trente ans que ce photographe « immortalise » les monuments de Normandie. Sur les 3232 qu’il a recensés, un bon millier a déjà été mis en boîte.
S’il accomplit « plus un travail de photographe que d’historien« , Serge Philippe LECOURT connaît bien ces sculptures et ses statues un peu désuètes qu’on croise tous les jours mais qu’on ne voit plus. « Ils sont tous bien entretenus, jamais vandalisés. » Pour la mémoire des glorieux ancêtres, les conseils municipaux ne lésinent jamais sur la brosse ni le coup de pinceau.
Le monument aux morts et sa litanie de noms sont un pan de l’histoire de nos villes et de nos villages, Serge Philippe LECOURT aime à dire que « le passé n’existe que là où il y a du présent« . C’est pourquoi à chacune de ses sorties, il essaie d’inscrire le monument dans son environnement actuel « avec un marché, des jeux d’enfants, un concert, des scènes décalées… » Et il change régulièrement de saison « pour avoir une lumière et une ambiance différentes« . Mais il y a des communes où il ne mettra jamais les pieds. Elles sont quelques-unes, comme Beuzeville-en-Pain (14 appelés, pas un tué) dans la Manche, à avoir retrouvé tous leurs enfants.

Pacifique Le Joly, mort pour la France

A chaque halte, le photographe documente son travail sur l’histoire du monument, le sculpteur et lit les noms de tous les Poilus morts au combat. « On retrouve des prénoms d’arrière-grands-pères, comme Alphonse, Amédée ou Aimable mais aussi un soldat au nom incroyable, Pacifique Le Joly inscrit sur le monument de Gourfaleur dans la Manche. »
Au pied des églises et sur les places, il y a les monuments de série, choisis sur catalogue dans les années 1920, les simples obélisques ou les oeuvres d’art. Dans tout ça, Serge Philippe LECOURT a fait son choix. Et parfois, la chance lui sourit.
« C’était le 6 juin 2014, le matin de bonne heure, à Avranches. » En ce jour de 70e anniversaire du Débarquement, le photographe a rendez-vous avec l’actu et l’Histoire. Profitant toujours de ses déplacements pour aller voir un ou deux monuments, il fait le détour. « Et là, j’ai trouvé une tourterelle en train de couver dans son nid entre le bras et le fusil du soldat… En raison des circonstances, c’est vraiment mon monument préféré. »
Serge Philippe LECOURT a exposé une partie de son travail aux rencontres photographiques d’Arles, avec Raymond DEPARDON, en 2014. Il songe à un livre et à une expo itinérante d’ici 2018. Mais si ses monuments sont connus au-delà des frontières, c’est parce qu’il lui consacre un site Internet « qui a reçu plus de 100 000 visites en 18 mois. »
Des demandes, il en reçoit d’élus locaux, qui le voient flâner dans leurs bourgs. Mais il en voit arriver aussi de plus loin, beaucoup plus loin. « On m’a écrit de Dallas (Texas) pour avoir une photo du monument de Saint-Lô ; de Boston pour celui de Sept-Frères, près de Vire et de Paris pour Pleines-Oeuvres, toujours dans le bocage normand. »
Mais le monument aux morts le plus célèbre de France se trouve bien sûr à Paris, sous l’Arc de triomphe. La dalle et la stèle sont en granit bleu… de Vire, taillées par Emile Lemoine, un ancien Poilu de la Manche. Parce que lorsqu’il s’agit de se souvenir du sacrifice, de 1914 comme de 1944, la Normandie répond toujours à l’appel. »

Textes : Sébastien BRETEAU
Photos : Serge Philippe LECOURT

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© Serge Philippe Lecourt, Monuments aux morts de Normandie.